Nouvelle avancée dans l’affaire de l’effondrement de l’écosystème Terra : les procureurs américains ont officiellement soumis un dossier au tribunal, demandant une peine de 12 ans de prison pour le cofondateur Do Kwon (Kwon Do-hyung). Cette peine n’est pas prononcée au hasard, mais repose sur le plafond fixé par l’accord de plaidoyer signé par les deux parties en août de cette année.

Fait intéressant, le parquet compare explicitement la peine recommandée à celle de SBF de FTX. SBF a été condamné à 25 ans pour fraude, pour un montant impliqué d’environ 8 milliards de dollars ; alors que les pertes causées par Do Kwon dépassent 40 milliards de dollars – soit presque cinq fois plus. Mais pourquoi une peine deux fois moins lourde ? Les procureurs expliquent que les peines doivent tenir compte de cas similaires afin d’éviter « des disparités déraisonnables ».

Retour à l’effondrement retentissant de 2022. Le stablecoin UST et le token LUNA sont devenus sans valeur en quelques jours, faisant disparaître plus de 40 milliards de dollars et ruinant d’innombrables investisseurs. Cela a déclenché une réaction en chaîne : la faillite de Three Arrows Capital, une ruée sur les retraits d’une grande plateforme d’échange, et tout le marché crypto est entré en hiver. Le parquet parle d’« effet de contagion » pour décrire ce désastre, estimant que ses dégâts dépassent même ceux du fondateur de Celsius, Alex Mashinsky (ce dernier impliqué dans environ 5 milliards de dollars et condamné à 12 ans).

L’équipe de défense de Do Kwon avait tenté d’obtenir une réduction de peine d’environ cinq ans, invoquant sa « jeunesse et son manque d’expérience ». Mais ces arguments n’ont manifestement pas convaincu le parquet – le département de la Justice a au contraire mis en avant sa tentative de fuite avec un faux passeport, soulignant que « la fuite après les faits aggrave la faute ». Le tribunal fédéral de Manhattan rendra son verdict final le 11 décembre.

Derrière cette affaire se cache une question plus vaste : selon quels critères faut-il juger les fraudes dans le secteur des cryptomonnaies ? Faut-il faire preuve d’une certaine indulgence au nom du « caractère émergent » et de la « complexité technologique » de l’industrie, ou appliquer la même sévérité que pour les crimes financiers de Wall Street ? À voir la position actuelle des régulateurs américains, la réponse semble claire : que vous soyez dans la blockchain ou la finance traditionnelle, frauder reste frauder, et toute fraude mérite sanction.

Cette approche « égalitaire » de l’application de la loi, qu’implique-t-elle pour l’ensemble de l’industrie crypto ? Elle est peut-être en train de redéfinir les règles du jeu dans ce domaine.